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Ludwig B

PostPosted: Sun Dec 17, 2006 3:54 pm
by Wonk
Le Premier volume est en effet sorti et disponible un peu partout où on pourra trouver des mangas.

Après avoir lu ce volume je viens ici exprimer ma décéption.
Décéption de savoir que Tezuka n'a pas pu finir cette oeuvre pourtant poignante, en plus d'être necessairement quelque peu didactique.
L'hommage rendu est à la hauteur du sujet tant Tezuka semble avoir saisi la personalité de Beethoven. A moins que ce ne soit son seul talent qui arrive à nous persuader que sa vision de Beethoven est la vraie. Si le mangaka ne manque pas d'inventer des détails ou encore de romancer certain points importants de la vie de Beethoven, le tout se justifie toujours parfaitement par la construction narrative et dramatique de ce qui reste une fiction.

Un chef d'oeuvre inachevé de Tezuka comme seul Beethoven aura su en laisser. Ne passez donc pas à côté pour autant.

Re: Ludwig B

PostPosted: Mon Dec 18, 2006 7:29 pm
by Amrith
Le plus intéressant c'est la façon dont Osamu Tezuka s'identifie à Ludwig Beethoven, compositeur qui l'a accompagné quotidiennement durant son travail pendant trente ans et dont il connaissait l'oeuvre par coeur. Ce sont les mêmes personnages, c'est certainement la raison qui a poussé Tezuka à choisir Beethoven alors qu'il rêvait au départ de faire une biographie de son idole Disney. Tezuka et Beethoven étaient des stakhanovistes qui travaillaient nuit et jour sans repos pour une cause qui les dépassait, tous les deux avaient une conception de l'art profondément populaire et pensaient que tout le monde devait pouvoir apprécier ce qu'ils faisaient, tous les deux se savaient citoyens non pas d'une nation mais de la planète et concentraient du sens politique et du sens moral dans leurs créations.
Ce qui est touchant pour un fan de Tezuka, c'est qu'à travers la biographie du génial Beethoven, un européen issu d'un autre siècle et donc a priori étranger au mangaka, on a l'impression d'apercevoir des éléments autobiographiques. Comme si Tezuka mourrant se projetait dans Beethoven qu'il admirait, et au passage saisissait cette dernière opportunité de parler de soi et de sa propre oeuvre avant de disparaître.

Et bien sûr hormis ces considérations un peu spécialisées, il y a la qualité intrinsèque du manga. Ou comment Tezuka démontre encore une fois son don pour raconter des histoires compliquées de manière simple, évitant d'étaler bêtement sa culture pour toujours donner priorité au focus humain. Les séquences entre Beethoven et Mozart, la rencontre de Beethoven avec un noble qui l'initie à l'extra-musical et à la chose publique, tous ces moments sont racontés de manière exceptionnelle, sans jamais que l'auteur prenne le parti exclusif du sérieux ou de l'humour, et malgré un habillage souvent léger impossible de ne pas déceler un ton solennel, une gravité dramatique dans le récit.

PostPosted: Wed Dec 20, 2006 3:46 pm
by strobe_z
Puisque j'ai pas encore lu Ludwig B, je ne pourrai pas commenter si c'est une oeuvre inachevé ou non, mais n'est pas le cas que Ludwig B c'est l'oeuvre finale de Tezuka avant qu'il est mort?

Si oui, on suppose qu'il ete encore malade l'orsqu'il travailler desus et peut etre il avait su qu'il n'avait pas beaucoup de temps pour le finir.

PostPosted: Wed Dec 20, 2006 7:11 pm
by Wonk
Tezuka est effectivement mort avant de pouvoir finir Ludwig B.
Mais tout ce qu'il a eu le temps de faire et que j'ai pu lire pour le moment est proprement génial.

Je suis donc déçu parce que j'aurais vraiment aimé que Tezuka puisse finir cette oeuvre mais pas du tout parce qu'il ne s'est pas appliqué pour la faire, au contraire, les détails montrant à quel point il maîtrisait son sujet ne manquent pas ne serait ce que dans ce premier volume.
La scène où Ludwig demande des partitions de Bach pour Eléonore dans une maison d'édition est à ce propos fort subtile et traduit bien à quel point Bach était oublié et dit de façon implicite et très juste que Beethoven a contribué à ce que l'on s'interesse de nouveau à Bach. Beethoven comme Mozart se sont tout les deux essayé à une écriture musicale fugué et donc plus complexe vers la fin de leur carrière/vie, une écriture de la musique hérité de Bach que ces deux compositeurs de génie admiraient. Il faut cependant admettre que "le clavier bien temperé" et "l'art de la fugue" sont des trésors de la musique occidentale savante.
Preuve donc que Tezuka connaissait très bien son sujet et n'a absolument pas mal fait son travail c'est bien sa santé qui l'a empeché de finir une oeuvre très bien commencée.

PostPosted: Wed Dec 20, 2006 10:19 pm
by Amrith
En 1989 Osamu Tezuka a laissé trois manga inachevés suite à son décès - "Gringo", un drame social à propos d'un chef d'entreprise japonais émigrant en Amérique du Sud, "Neo-Faust" sa troisième variation autour du mythe de Faust qui l'aura fasciné toute sa vie, et "Ludwig B" qui était son petit préféré parmi les trois et également le préféré du public.

Outre ses manga, Osamu Tezuka a laissé plusieurs anime continuer sans lui. Tezuka Productions a terminé la série TV pour enfants "Blue Blink", Osamu Dezaki a terminé la série TV basée sur l'Ancien Testament "The Bible Stories". En revanche les films anime n'ont pas été poursuivis, ainsi "Legend Of The Forest" et "Neo-Faust" - qui était l'obsession absolue de la carrière d'Osamu Tezuka - n'ont pas été complétés, le premier ayant été finalisé à moitié, le second n'ayant jamais dépassé le stade de script et de quelques essais graphiques.

On parle ici des manga que Osamu Tezuka n'a pas pu finir à cause du cancer. Ca n'inclue donc pas les manga interrompus à cause d'une annulation venant d'en haut, d'un arrêt volontaire ou de la disparition des magazines de pré-publication - "Vampires" notamment.