Ohayô.
En ce qui me concerne le noir et blanc c'est la force du manga.
Trop de couleur et inconsciemment on s'attarde sur chaque case comme étant une oeuvre autonome.
Or la base du manga, pour ne pas dire son fondement historique et culturel, c'est un sens du rythme hors-du-commun que ne possèdent ni la bande-dessinée européenne ni le comics américain. C'est du cinéma imprimé. Le détail passe après l'émotion de l'instant puisque l'absolu est le mouvement. Cet hybride entre littérature et storyboard, Osamu Tezuka en est l'inventeur.
Y mettre de la couleur, qu'il s'agisse des oeuvres d'Osamu Tezuka ou non, c'est altérer la frénésie, le sentiment d'urgence permanent qui fait l'identité du manga. Selon moi.
Toutefois, bien que minoritaires, il existe des manga couleur.
L'exemple le plus évident étant le lifting récent de "Space Adventure Cobra" de Buichi Terasawa. Ou le second volet de "Ghost In The Shell", "Man-Machine Interface" par Masamune Shirow.
Au milieu des années 70, Osamu Tezuka était persuadé, à tort, que si le manga ne s'exportait pas c'était essentiellement à cause du noir et blanc. C'est la raison pour laquelle il a réalisé son manga "Unico" entièrement en couleur - même si peu d'éditions le laissent deviner. Ce manga ne sortit pourtant jamais d'Asie avant 2005, où il parut en France. Ca n'avait pas de rapport, l'Occident ignorait tout simplement l'existence du manga et s'apprêtait seulement à découvrir cet univers par le biais des anime.
Tezuka Productions a la faiblesse de croire un peu la même chose aujourd'hui.
Je ne pense pas que ce soit purement mercantile. Leur rôle officiel aujourd'hui c'est de faire connaître au monde entier les travaux d'Osamu Tezuka, en produisant des rééditions, du merchandising, en lâchant ponctuellement des remakes sous format anime, cinéma, comédies musicales et bien sûr ils ont la co-responsabilité du Tezuka Museum. Les ténors de Tezuka Productions sont d'anciens associés d'Osamu Tezuka et des membres de sa famille, des gens qui par leurs choix paraissent au-dessus des soupçons. Je crois qu'ils pensent naïvement que coloriser les planches rendra les créations du Maître plus exportables.