by Amrith » Mon Dec 18, 2006 7:29 pm
Le plus intéressant c'est la façon dont Osamu Tezuka s'identifie à Ludwig Beethoven, compositeur qui l'a accompagné quotidiennement durant son travail pendant trente ans et dont il connaissait l'oeuvre par coeur. Ce sont les mêmes personnages, c'est certainement la raison qui a poussé Tezuka à choisir Beethoven alors qu'il rêvait au départ de faire une biographie de son idole Disney. Tezuka et Beethoven étaient des stakhanovistes qui travaillaient nuit et jour sans repos pour une cause qui les dépassait, tous les deux avaient une conception de l'art profondément populaire et pensaient que tout le monde devait pouvoir apprécier ce qu'ils faisaient, tous les deux se savaient citoyens non pas d'une nation mais de la planète et concentraient du sens politique et du sens moral dans leurs créations.
Ce qui est touchant pour un fan de Tezuka, c'est qu'à travers la biographie du génial Beethoven, un européen issu d'un autre siècle et donc a priori étranger au mangaka, on a l'impression d'apercevoir des éléments autobiographiques. Comme si Tezuka mourrant se projetait dans Beethoven qu'il admirait, et au passage saisissait cette dernière opportunité de parler de soi et de sa propre oeuvre avant de disparaître.
Et bien sûr hormis ces considérations un peu spécialisées, il y a la qualité intrinsèque du manga. Ou comment Tezuka démontre encore une fois son don pour raconter des histoires compliquées de manière simple, évitant d'étaler bêtement sa culture pour toujours donner priorité au focus humain. Les séquences entre Beethoven et Mozart, la rencontre de Beethoven avec un noble qui l'initie à l'extra-musical et à la chose publique, tous ces moments sont racontés de manière exceptionnelle, sans jamais que l'auteur prenne le parti exclusif du sérieux ou de l'humour, et malgré un habillage souvent léger impossible de ne pas déceler un ton solennel, une gravité dramatique dans le récit.